Mise à jour du 04/06/2021

Rapace A 5 d'Abrial (1928) - Planeur rétro

 

Ayant réalisé le VAUTOUR et voulant continuer la série des études de Georges ABRIAL, je me suis penché sur la réalisation de la maquette du troisième planeur qu’il a dessiné le RAPACE en 1928, l’échelle est souvent un souci pour le maquettiste, ni trop petit ni trop grand donc au 1/5ème donnant une envergue de 3,205 mètres. Recherche de documents de photos, de l’historique et d’un plan 3 vues. Le tout a été trouvé dans la revue de la Commission historiques « Vieilles Plumes ». Maintenant au travail.

Un peu d’histoire

Troisième planeur étudié par Georges Abrial et construit dans les établissements Letord sur une étude de fabrication de Louis Peyret comme le Vautour.

Il ne pu participé au concours de Vauville en 1928 n’étant pas terminé à temps mais il fit une brève apparition. Il est présent le 14 avril 1929 au mont Mesly, près de Créteil, le 15 juin 1929 à Vatteville près de Rouen. Il a participé à une rencontre organisée par l’AVIA à Sens en septembre 1930 où il fit une superbe démonstration malgré des conditions guère favorables, 28 minutes de vol et 100 mètres de gain.

 Du 20 juin au 12 septembre 1931, une succession de vols à la Banne d’Ordanche. Le 14 août,  Auger réussira un vol de 3 heures 30.

Le 16 août 1931, piloté par Auger , le planeur a été retourné et détruit au décollage à la Banne d’Ordanche par un vent de 18m/sec. Il ne sera pas reconstruit. Auger blessé à la tête et tassement de vertèbres, contraint au repos de plusieurs semaines.

Description

Le Rapace est différent des planeurs allemands par l’adoption d’un profil plan–convexe à faible moment de torsion, un fuselage court, qui laisse à l’ensemble une bonne stabilité, un calage fortement positif de la voilure sur le fuselage, ce qui permet d’avoir une portance maximum de l’aile à l’atterrissage, sa vitesse étant moins élevée que pour les planeurs allemands.

Voilure :

La forme en plan est une ellipse dissymétrique, dont le grand axe, situé au tiers de la profondeur est matérialisé par un longeron unique, cette position correspond au centre de poussée .Le profil est plan-convexe Abrial de 17% d’épaisseur. L’essai en tunnel de la maquette au 1/10ème a révélé une portance maximum Cz de 167, valeur élevée due en partie à la forme de l’aile. La voilure est en trois parties de longueur égale, démontables pour le transport, le raccordement se fait par des ferrures en acier, assemblées par des boulons intérieurs de l’aile. Toute la partie antérieure au longeron est revêtue de contre-plaqué formant gouttière qui enveloppe le bord d’attaque et qui assure la continuité du profil tout en s’opposant aux efforts de trainée et de torsion. Les éléments extrêmes portent sur toute leur longueur les ailerons, très étroits, articulés sur un faux longerons.

Fuselage :

Le fuselage est de section elliptique, formé de trois longerons réunis par des couples en contre-plaqué. Le revêtement en contre-plaqué est formé de fuseaux longitudinaux posés sur des lisses. Cette disposition évite les cassures de forme que donne le revêtement par panneaux non développables souvent employés en Allemagne.

La largeur maximum du fuselage est de 55 cm.

Derrière le siège du pilote, il y a un logement pour un parachute  Vinay spécialement étudié.

Le pilote a devant lui, encastré dans la coque, une montre, un altimètre, une boussole, un indicateur de vitesse, un sustentomètre, les deux derniers appareils sont de marques Badin.

Le patin d’atterrissage comporte des amortisseurs en blocs de caoutchouc, l’espace compris entre la coque et le patin est entoilé.

L’aile est posée sur l’appui-tête fuselé, venu de forme avec la coque.

L’empennage :

Les éléments sont de grand allongement, surtout le gouvernail vertical dont la hauteur est de 1,60 m et qui est compensé, sans plan fixe. Le plan horizontal de même dessin, s’articule sur un petit tronçon fixe, qui renforce sa fixation.

Commandes :

Elles sont classiques , mais le fuselage étant trop étroit pour loger un palonnier celui-ci a été remplacé par des pédales de direction. Les transmissions se font par câbles.

Les essais:

Les essais d’une maquette du Rapace dans le tunnel de Saint Cyr ont montré une finesse aérodynamique de 24, chiffre très élevé, surtout pour l’époque de sa construction, de plus les planeurs allemands analogues pèsent environ 150 kg, tandis que le Rapace ne pèse que 115 kg. En définitive, sa vitesse minimum de chute verticale est de 0,56m/sec, est de l’ordre de celle du Wien de Kronfeld, considéré comme le meilleur planeur allemand.

Les vols ont confirmé les qualités déduites des essais au tunnel et cette première production française dans la voie du planeur de performance semble une réussite qui fait honneur à la sportive association du pilote Alfred Auger et des techniciens Abrial et Peyret.

Remarquons que Georges Abrial lors de son voyage à la Wasserkuppe, nota les caractéristiques du planeur Darmstadt et s’en servit pour l’étude du Rapace, qui rappelle étrangement l’appareil allemand.

« Texte extrait de Sports et Tourisme Aéronautiques »

Passons à la réalisation de la maquette...

Tout a commencé par la réalisation du plan à l’échelle 1/5ème d’après des documents trouvés dans un carton dans les archives du Musée du GPPA. Plans 3 vues au 1/50ème et autres au 1/10ème suffisant pour tracer les grandes lignes. Le tracé des couples ovoïdes a été assez laborieux, mais rien n’arrête un maquettiste. Des lisses courant tout le long du fuselage pour donner la forme, un plancher pour recevoir l’ensemble de réception de la radiocommande.

Sur le dessus du fuselage, il fallait prévoir la partie recevant l’aile et le profilage de la tête du pilote. Dans la partie inférieure, un patin d’atterrissage a été implanté tout simple en CTP.

Avant de poser le recouvrement du fuselage, il a fallu construire et mettre en place le stabilisateur et la dérive pendulaire à cause du montage des commandes.

La dérive est de construction très simple tout balsa au profil NACA avec un longeron recevant l’axe de rotation, elle est étroite mais haute.  Le stabilisateur de forme elliptique est aussi tout en balsa au même profil, du bord d’attaque au longeron ,il est coffré . Celui-ci est fixé au fuselage par moignon attenant servant de support d’articulation, il est aussi pendulaire.

Les ailes sont en trois parties, la partie centrale est rectangulaire, les extrémités sont de forme elliptique recevant des ailerons étroits et longs, le tout sans dièdre. Le profil du  réel n’a pas été retenu à cause de son épaisseur, un Clark Y a été retenu.

Il y a eu un peu de tricherie pour la construction des tronçons d’ailes , les longerons ont été remplacés par des tubes en carbone de bonne section traversant les nervures, facilitant l’assemblage des trois panneaux par des clés  rondes en carbone. Des faux longerons en balsa recevant les ailerons.

Les nervures en balsa ont été toutes chapeautées pour apporter de la rigidité. Du longeron principal au bord d’attaque un coffrage a été posé comme sur le réel. Au droit des guignols de commandes des ailerons, des servos ont été implantés dans les ailes.

Revenons au fuselage, maintenant que celui-ci a pris forme, il a été recouvert en planche de 20/10ème balsa épousant bien les couples, le plus dure reste à faire, recouvrir l’ensemble d’un C T P de 4/10ème, une fois posé imitant le réel. Nous avons lu dans le texte précédent du grandeur, la pose de nombreux fuseaux pour éviter d’avoir de trop grands panneaux de recouvrement avec des cassures. Il a fallu faire un capot démontable recevant la tête du pilote et donnant à l’accès de l’ensemble de réception de la radiocommande. Un bloc de balsa façonné pour le nez donnant la forme définitive du planeur. Sur le profilage de la tête du pilote, une platine en C T P a été posée recevant des écrous à griffes pour fixer le panneau central de l’aile.

Le dernier aménagement a été la pose des 5 instruments de bord sur le dessus du fuselage devant les yeux du pilote ainsi que le  venturi, en réalité, il ne devait pas voir grand chose

La finition a été réalisée avec un vernis Bontex couleur Teck pour le fuselage et de l’Oratex blanc pour les parties entoilées. La décoration s’est limitée à la dérive , recevant le nom de l’inventeur et du constructeur et le lieu de fabrication puis le numéro d’identification du planeur.

Par un jour d’octobre ensoleillé avec une petite brise, le RAPACE a eu son baptême de l’air tracté par un treuil électrique Le pilotage n’a pas été facile car il y avait des réglages à faire sur les débattements des gouvernes et revoir le centrage. Dans un revol, une erreur a été commise, la quelle ? personne ne sait, le planeur est partie sur l’aile droite percutant le sol au moment du départ du treuillage  et détruisant tout l’avant , je vous rassure ,il a été remis en état dans les jours suivants .Voyez la même aventure que le réel, mais il n’a pas tué son pilote.

Ce modèle a été remis au Musée d’Angers, à Espace Air Passion le 30 mars 2013.

                                                                                           Sylvère Maisse

Caractéristiques

 Caractéristiques du A 5 Rapace

                Planeur réel                                                      Maquette 1/5

Envergure                                       16 m                               3,205 m

Surface                                           16 m2                             0, 672 m2

Allongement                                  16                                    16

Longueur                                        5,03 m                            0,935 m

Masse à vide                                 115 kg

Masse en charge                          190 kg                             2,502 Kg

Charge alaire                                 11,9 Kg/m2                     0,037 Kg

Vitesse de chute mini                  0,56 m/ sec

Finesse maxi                                 24

Les photos de la maquette